Le Littoral Français, Chef D’œuvre En Péril/Beauté En Sursis
Un itinéraire photographique de J Henry Fair
issu de son projet « On the Edge » (tout au bord/à la limite).
Militant acharné de la défense de l’environnement, le photographe américain J Henry Fair est persuadé que l’art sert aussi à poser les questions qui dérangent et qui en valent la peine. Que va-t-il advenir de nos régions côtières ? Avec le changement climatique, la fonte des glaciers et le ralentissement du Gulf Stream, elles sont soumises à un nombre croissant de tempêtes et à la montée des océans. Les conséquences à moins d’un siècle sont incalculables, et pourtant les autorités comme la population n’en font pas une priorité. Le déni est général alors que les changements naturels brutaux et soudains menacent les fondements mêmes de notre civilisation. Il est plus que temps pour les médias d’en faire un sujet prioritaire.
UN SUJET QUI S’IMPOSE AU PUBLIC FRANÇAIS (Éric Wattez, journaliste)
Du Cap Blanc Nez à la Dune du Pilat, en passant par le Mont Saint-Michel, La Rochelle et Biarritz. Chargé d’histoire et d’une infinie variété, le littoral français est sans aucun doute l’un des plus extraordinaires au monde. Mais ses sites grandioses, ses côtes sauvages et ses stations balnéaires – à la beauté toujours sensationnelle comme le montre J Henry Fair - sont sous la menace.
Les dangers sont là nous rappellent ces prises de vue : urbanisation excessive, usines sidérurgiques vieillissantes, centrales atomiques à démanteler d’ici à quelques décennies, algues vertes, contaminations des parcs à huitres, etc. A ces calamités bien visibles s’ajoute un péril plus grand encore : la montée des eaux due au réchauffement climatique.
Conséquence, le trait de côte recule. Un phénomène irrésistible dont on commence – enfin - à prendre la mesure. Les résultats des diverses études sur le sujet donnent le vertige. Il est ainsi établi que la France a perdu plus de 30 kilomètres carrés depuis 50 ans (actuellement l’équivalent d’un stade de foot disparait chaque semaine). Un péril qui concerne des centaines de communes, parmi lesquelles des destinations estivales emblématiques comme Quiberon, La Baule, Le Cap-Ferret, Collioures ou Antibes.
Selon une estimation officielle du Cerema*, un millier de constructions (logements, résidences secondaires, bâtiments publics, hôtel restaurants, villages vacances, etc.) seront impactées d’ici à 2028. Au milieu du siècle, toujours selon la même étude, l’Hexagone pourrait avoir perdu 70 km2 (l’outre-mer 10). A l’horizon 2100, si la montée des eau atteint un mètre comme le pronostique un scénario du GIEC, le recul du trait de côte pourrait concerner une surface de...5 000 km2. Parmi les départements les plus exposés : les Bouches du Rhône, la Charente Maritime, la Gironde, Le Gard et la Manche. La pérennité de quelques 450 000 bâtiments (dont 53 000 locaux d’activités) est en jeu. La seule valeur vénale des habitations concernées est estimée à 86 milliards d’euros. Le coût total sera bien supérieur.
*Projection du trait de côte et analyse des enjeux au niveau national. Horizons 2028, 2050 et 2100.
J Henry Fair livre une série de vues aériennes saisissantes à destination du public français. Ces clichés captent à la perfection la beauté et la fragilité de nos bords de mer. Alternance d’illustrations quasi abstraites, de visions de cartes postale et d’images désolantes, ces photos ont été prises ces derniers mois entre Dunkerque et Saint-Jean-de-Luz. Un complément est prévu prochainement sur la face méditerranéenne (en compagnie d’un journaliste). En attendant, il y a là déjà de quoi traiter la question dans les grandes largeurs.
So many thanks to pilot Jean-François Bech of Le Havre